dimanche 5 décembre 2010

My name is Robert Paulson

En réponse à Cantona, Lagarde et Minc (notamment) ont fait semblant de ne pas comprendre. Lagarde a répondu: "chacun son métier". Minc a répondu: "Est-ce que je me mèle d'entraîner une équipe de foot?". Ils ont fait semblant d'ignorer que Cantona ne visait pas à faire une proposition constructive visant à préserver le système actuel (seule attitude possible selon eux) mais à le faire tomber. Dans leur arrogance, ils n'ont tout simplement pas admis que Cantona puisse proposer un dynamitage. Ce faisant, ils se sont dispensés à bon compte de répondre sur la légitimité du système. Normal: il n'en a plus.

Ces charlatans qui ne font que répéter toute la journée ce qu'ils lisent dans le Financial Times devraient cependant s'habituer à rencontrer une opposition plus musclée. First they ignore you...

Cantona justement:

Go Canto! Une réapppropriation citoyenne du système bancaire est nécessaire. Les politiques ont été incapables de le faire (en Europe) ou ont refusé de le faire (aux US) en 2007-2008. Il va donc falloir d'une manière ou d'une autre reprendre la main. Je pense que pour des raisons démonstratives et après avoir tellement attendu, il est préférable pour l'instant d'attendre que le système rende gorge plutôt que d'endosser la responsabilité du coup de pied de l'âne. Je ne souhaite donc pas que l'appel de Cantona ne pose trop de problème.

Toutefois, si la situation que nous connaissons devait s'éterniser (plus d'un an encore par exemple?), tous les citoyens dignes de ce nom devraient envisager des méthodes radicales de pression contre le système bancaire*. Plus que "retirer son argent" comme le propose Canto, il faudrait alors faire pression sur le système bancaire en organisant des listes d'établissements bancaires acceptables et encourager la population à déménager leurs comptes (vers des banques qui s'engagent à limiter leurs pratiques de trading - pas de CDS serait un bon début). Aller en France vers des groupes mutualistes par exemple et aux Etats-Unis vers des banques régionales pour casser les reins de Wall Street. Si les politiques sont incapables de reprendre le pouvoir, les citoyens peuvent leur montrer la voie.

La démocratie ne se limite pas au droit de vote, les citoyens peuvent et doivent s'organiser pour faire pression sur les établissements bancaires qui contrôlent peu ou prou le système politique. Avec internet, plus que jamais, c'est possible. Cantona vient de cristalliser dans l'esprit des gens cette capacité à la résistance pacifique. Espérons que l'opération aura assez d'écho pour poser les termes du débat et pas assez pour avoir des conséquences déstabilisatrices graves.

* Pourquoi? Parce que le servage est une condition indigne. Humiliante pour les serfs mais tout bien considéré, humiliante également pour les seigneurs si on éclaire leurs pratiques à l'aulne des idéaux supposés de nos sociétés. Regarder durablement ailleurs est inacceptable.

Tant que j'y suis, l'excellent Paul Jorion face à une hiérarque bancaire de base:



Et pour ceux qui ne connaîtraient pas encore "The Quantitative Easing", "The Ben Bernank" and their friend "The Goldman Sachs"...