vendredi 22 janvier 2010

Ca ne s'invente pas...

J'évoquais récemment la manière dont le "free speech" était le principe constitutionnel utilisé pour justifier des lois de financement de campagne rendant possible le contrôle du système politique par Corporate America. Voici comment le Wall Street Journal évoque l'arrêt de la Cour Suprême qui a rendu encore plus facile l'arrosage du monde politique par les entreprises cette semaine:

Freedom has had its best week in many years. On Tuesday, Massachusetts put a Senate check on a reckless Congress, and yesterday the Supreme Court issued a landmark decision supporting free political speech by overturning some of Congress's more intrusive limits on election spending.

Freedom you can believe in!

L'occasion de renouer avec une autre tradition du blogo, la chanson des années 90:

Madoff, l'homme qui valait $65 milliards. A lui tout seul...

Mother jones demande pourquoi si peu de membres de l'entourage de Madoff sont en prison.

Bernie Madoff swore he'd acted alone when he pleaded guilty to his $65 billion Ponzi scheme. It was a preposterous claim, so why, more than a year later, isn't more of his inner circle behind bars? Neither the FBI nor the US Attorney's Office is talking. But for some of these Madoff enablers, the vacation on the investors' dime may not last forever.

Buffett y va franchement...

Les principaux dirigeants de banques responsables sur tous leurs biens en cas de faillite de l'institution qu'ils dirigent. Voilà une mesure qui changerait pas mal de choses dans le système bancaire. C'est une idée de Warren Buffett. Ca semble impossible à mettre en oeuvre mais ça donne une idée de l'air du temps.

Jan. 21 (Bloomberg) -- President Barack Obama’s proposal to regulate banks should include a requirement that chief executive officers and their spouses forfeit their assets when companies fail, billionaire Warren Buffett said on Fox Business Network.

“There ought to be a huge downside,” said Buffett, whose Berkshire Hathaway Inc. is the largest shareholder in Wells Fargo & Co. “Make it so that the CEO of an institution that fails, or goes to the government and needs help, really gets destroyed himself financially. Why should he come out any better than somebody that gets laid off as an auto worker at General Motors?”

Pendant ce temps là à la Federal Reserve...

Le second mandat de Bernanke doit être confirmé par le Congrès avant la fin du mois sinon il ne pourra plus assumer ses fonctions (interruption seulement temporaire s'il était confirmé in fine). La Volckerisation engagée ne va pas simplifier cette confirmation.

C'est tout le problème de la révolution de palais au sein de l'équipe économique qui s'est produite hier. La ligne Summers et la ligne Volcker peuvent-elles coexister durablement à la Maison Blanche alors qu'elles sont antagonistes? Pour l'instant, tout était clair: Volcker sucrait les fraises et Summers dirigeait les opérations (Summers avait d'ailleurs pris soin de marginaliser Volcker dès sa prise de fonction). Si les deux tendances ont le même statut, la cacophonie va menacer. Et qui sont les cadres possibles d'un éventuel changement de cap? Roubini? Krugman? Stiglitz?. Cela ferait sans doute plus tanker la bourse qu'une guerre thermo-nucléaire globale. (Volcker en ferait partie évidemment mais le Japon vient de s'essayer à un ministre des finances de 82 ans et l'expérience n'a pas tenu 3 mois).

Si Bernanke n'était pas reconfirmé, on voit bien comment le mouvement lancé par Obama l'entraînerait au-delà de ses intentions premières. L'équipe économique d'Obama est désormais en équilibre instable.

Ce qui se passe est étonnant: beaucoup de gens pensaient que des évènements économiques allaient remettre en branle la machine politique. En gros qu'une énorme crise monétaire allez contraindre les politiciens à prendre les choses en main. Finalement, cette impulsion d'Obama laisse entrevoir un changement de cap purement politique sur le mode "j'm'ai trompé".

Le blogo devrait se réjouir de cette possibilité. Le problème, c'est que depuis un an une réalité parallèle s'est créée. Un monde où la pesanteur économique a disparu grâce au laxisme monétaire. La bourse monte, la croissance est positive, un semblant de normalité est revenu ans le système. Si les politiques décident de mettre fin à cette réalité artificielle, ils risquent de porter le chapeau des évènements forcément douloureux qui s'en suivront. C'est le coût immense de l'année 2009: l'économie est probablement dans un meilleur état (marginalement beaucoup d'américains au chômage) que si on avait pris le taureau par les cornes et remis le système à plat mais nous sommes passés de l'autre côté du mirroir avec un système économique "Frankenstein" qui ne fonctionne que grâce à une création monétaire permanente et absolument massive.

La réaction initiale à la crise visait à préserver Wall Street et elle y a réussi*. Le coût était la désorganisation durable et profonde de l'économie mondiale qui a été projetée dans un monde parallèle digne d'Alice aux pays des merveilles. Ce mépris des règles économiques de base (l'échec est récompensé etc...) ne peut que conduire à une crise plus grave plus tard ce qui est le schéma suivi depuis l'éclatement de la bulle internet et le 11 septembre (améliorer à toute force le court terme en compromettant de plus en plus le futur).

En commençant à administrer le remède quelques temps avant que la maladie ne se manifeste, Obama court le risque de faire porter le chapeau de la maladie au médicament.

* Préserver Wall Street est une chose mais fallait-il préserver les bonus? Je me demande si symboliquement, cela n'était pas important "in a twisted way". Peut-on maintenir une monarchie en empêchant le roi de porter sa couronne? Les bonus irritent la population mais ils ont aussi l'intérêt de montrer "who's boss". La décision de préserver Wall Street était discutable mais une fois qu'elle était prise, préserver les bonus faisait sans doute parti du package. Ce sont les bonus qui permettent l'arrogance et l'arrogance qui est le dernier refuge de la power structure.
De plus, le système financier repose sur une loyauté totale de ses cadres envers lui. C'est une "super loyauté" qui est liée au "super reward" qui est promis en échange et qui fait qu'on vendrait père et mère pour le système. Enlevez le "super reward" et la "super loyauté" va disparaître. En lieu et place de cadres blackberrisés dévoués corps et âmes au système vous allez avoir des beatnicks qui vont se mettre à traîner les pieds, voire pire, à écrire des blogs pour le critiquer. Who would want that?

Friday Plane Blogging

Vent de travers. (cliquez pour agrandir)

Nouveau départ?

Il faut bien reconnaître qu'il n'a pas l'air content:Moralité: j'aurais dû écouter Hubris Kills qui avait attiré mon attention là-dessus en fin d'après-midi. Ce qui s'est passé est très important. Soit parce qu'un changement de politique va être initié, soit parce que cela va vite apparaître comme une posture sans contenu et qu'Obama y perdra beaucoup de plumes. Rentrons-nous dans la première année de la présidence Obama?

En plus de Volcker, c'est le grand retour d'Austan Goolsbee qui avait été écarté de l'équipe éco après l'élection. Matt Taibbi s'appuyait dans un article récent sur la mise au placard de ces deux individus pour illustrer la capture d'Obama par Wall Street. Obama lit-il Taibbi? C'est comme si ce dernier avait été entendu en tout cas.

Si ce n'est pas de la com, une nouvelle question se pose: peut-on prendre Wall Street "un peu" à parti? Y a-t-il un état intermédiaire entre la reprise en main musclée (qui n'est plus vraiment possible) et la servilité? Wall Street peut-elle faire un "chantage au Dow Jones" en envoyant les actions à la baisse si les contrariétés s'accumulent?

Un élément me fait douter de la sincérité d'Obama: il semble prendre ce virage suite à l'élection du Massachussets. Cela veut-il dire que si la démocrate avait gagné comme tout le monde l'attendait, il aurait laisser les banques tranquilles? Une élection intermédiaire comme celle-ci semble plus de nature à déclencher une opération de com qu'un revirement politique majeur (même si elle est assez traumatisante pour les démocrates). Il y a probablement une forte pression des sondeurs de l'équipe présidentielle pour qu'Obama fasse un peu saigner les banques. Je crois que Geithner et Summers vont être un bon indicateur du sérieux de ce virage. S'ils sont encore là dans 3 mois, c'était du bluff. S'ils sautent bientôt, cela voudra dire qu'il se passe quelque chose.

Wind of change?

Les lecteurs sont habitués à voir le blogo rejeter d'emblée toutes les possibles avancées d'Obama dans la bonne direction. Au bout d'un an, on prend des habitudes et peut-être même devient-on grognon. Alors sans tomber dans l'optimisme béat (!), il semble que cette "weasel" (fouine) de Geithner se distancie vraiment du plan Volcker. Si c'est le cas, ses jours sont probablement comptés et les choses vont vraiment bouger.

Est-il possible qu'Obama fasse marche arrière et prenne en fin les choses en main?

Voir ce post de "Salon.com". A prendre avec les précautions paranoïaques d'usage (est-ce une ruse pour valider le changement? Une opération de com? etc, etc...).

La question étant: cette annonce du "plan Volcker" était-elle prévue de longue date ou est-ce le résultat de la prise de conscience par Obama du fait que Summers et Geithner l'amenait droit dans le mur après les élections du Massachussets?

Il va donc falloir être vigilant dans les jours et les semaines qui viennent pour comprendre si Obama s'énerve "pour de vrai" ou bien s'il se résigne à son sort de "one termer" et continue à faire de la com. Stay tuned!

L'occasion en tout cas de rêver un peu et de renouer avec une tradition du blogo: la chanson "cheesy" des années 80: