mardi 10 novembre 2009

Roubini et Summers, Récho et Frigo?

Dans l'économie US, vous avez Dark Vador: c'est Larry Summers (dérégulateur fou, "bubble apologist", payé plus de $100000 euros par prestation pour des conférences dans les banques etc...). Et vous avez Luke Skywalker: c'est Nouriel Roubini à la tête d'une petite entreprise de conseil, modestement professeur à la Stern School of business de NYU mais qui a eu raison sur la crise en dénonçant la bulle dans l'immobilier quand ça n'était pas encore à la mode.

J'ai regretté à plusieurs reprises depuis que la crise est rentrée dans une phase aiguë que Roubini soit moins percutant et se fasse même parfois l'apologiste de l'administration. Il a loué les nominations de Geithner et de Summers qui sont l'un et l'autre à l'origine de la crise. Il s'est fendu d'un édito dans le NYT appelant à la reconduction de Bernanke (on peut considérer que c'est un moindre mal mais de là à faire un op-ed...). J'ai mis ça sur le compte de l'ambition: Roubini avait fait son "breakthrough" avec la crise et son ambition naturelle était de rentrer dans l'establishment et peut-être au gouvernement.

Il semble que cette explication soit incomplète.

D'après les publications rendues nécessaires par son accession au poste de conseiller économique d'Obama, Summers a investi dans la boîte de Roubini en janvier 2006 (voir p. 22 du PDF plus bas). Problème: à l'époque les deux hommes semblent aux antipodes l'un de l'autre. Summers fait notamment des présentations dans des pays d'Asie en recommandant d'acheter du subprime. Comment peut-il au même moment investir dans l'entreprise de l'homme qui fait un fonds de commerce de dire que tout va péter? Mind boggling. Le silence médiatique quasi-total sur ce lien tangible entre deux acteurs en principe opposés dans le débat économique est très étonnant. L'internet permet l'exposition de ce genre de lien à condition qu'ils soient relevés par les journalistes. J'ai aussi réalisé que Roubini avait été adjoint de Geithner en 98 quand celui-ci était Undersecretary de Clinton (je me souvenais qu'il avait eu un rôle sous Clinton mais pas pour Geithner directement).

Roubini était dithyrambique sur la nomination de Summers et Geithner, il avait été interviewé le 25 novembre 2008 dans Newsweek. Titre de l'article: "Even Dr Doom likes them". L'article ne fait pas mention du lien préexistant (je n'irai pas pleurer...). Heureusement, Roubini faisait une mise au point sur son blog: "First, I told the Newsweek reporter – as full disclosure – that I had worked for Tim Geithner and Larry Summers when they were both at Treasury". Et les actions de Summers dans ta société, Nouriel? Elle n'était pas très "full" cette "disclosure"...

Summers est-il le père de Nouriel Roubini comme Vador était le père de Luke Skywalker ? En tout cas, je comprends mieux pourquoi Roubini semble si souvent ambigu face au côté obscur. (via un commentateur de Zero Hedge et ce site - ce n'est pas un scoop l'info date d'avril).

Voir p. 22, la boite de Roubini s'appelle RGE Monitor:
Disclosure LSummers04032009

Post-It (2)

Jean Sarkozy meets Benjamin Button: Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan, embauche son père de 78 ans.

Bankers Start Feasting Again at London Eateries, Chefs Say "Les grands chefs londoniens disent que les banquiers festoient à nouveau". Partying like it's 2006...

Le convoyeur-voleur lisait-il le Blogo? (via "20 Minutes"): Seul indice qui aurait pu mettre la puce à l’oreille de ses collègues, un changement de comportement depuis quelques mois. D’impénétrable, l’homme est devenu contempteur des patrons et banquiers, se comportait de façon «bizarre depuis plusieurs mois», et se plaignait «d’être mal payé».

Brown soutient la taxe Tobin. Avec Sarko et Merkel, ça commence à faire du monde (j'ai vérifié rapidement mais ils semblent tous deux y avoir été favorables). Wall Street a donné une fin de non-recevoir par l'intermédiaire de Geithner. Plus étonnant, DSK se prononce également contre ce qui n'est pas très smart pour un présidentiable PS. Je ne sais pas si cette taxe pourrait être applicable régionalement. Je n'ai pas d'avis sur la question car le problème restait traditionnellement confiné aux pages du monde diplomatique. Peut-on imaginer une partie du monde avec un capital très fluide et une autre où la viscosité est plus grande? La taxe est-elle naturellement un frein à la croissance comme les banques ne vont pas manquer de le dire (elles ne tolèrent qu'un élément de viscosité: leurs fees!) ou un élément de stabilisation comme c'est avancé? Ca pourrait en tout cas être un moyen pour les politiques d'essayer, si ce n'est de reprendre la main, au moins de se faire entendre un petit peu.

C'était un peu la surprise des élections allemandes: les allemands votent toujours massivement pour l'équivalent de Madelin malgré la crise financière. Ce graphe traduit cette réalité également. Vu la position française, il semble que l'Europe ait un problème...
L'augmentation du chômage se tasse aux US même si le taux de chômage a franchi les 10% à 10,2%.
Et ce graphe que j'avais déjà posté mais qui est actualisé. Il montre la spécificité de cette crise parmi celles qui ont eu lieu depuis la guerre: