dimanche 8 novembre 2009

3,5%

3,5%. C'est la croissance américaine annoncée au troisième trimestre il y a plus d'une semaine. J'ai immédiatement reçu un email d'un lecteur qui était curieux de connaître la position du Blogo sur un chiffre qui n'allait pas vraiment dans le sens du "désastre imminent" qui est promis ici à longueur de posts.

Il y a beaucoup de raisons de relativiser ce chiffre mais ce n'est pas vraiment ce que je me propose de faire. Voici en gros comment tous les commentateurs (du mainstream à Zero Hedge) traitent le sujet: ces 3,5% ne sont que le produit du stimulus de $787 milliards décidé par Obama et le quatrième trimestre ne sera pas aussi bon (fin notamment de la prime à la casse). De plus, les chiffres de l'emploi sont déplorables et les difficultés à venir sont majeures. J'ai même entendu Peter Orszag (conseiller éco d'Obama) annoncer sur Charlie Rose que "la part des $787 milliards dépensée au Q3" = "entre 3% et 4% de croissance".

Et voilà: 3,5% - (entre 3% et 4%) = 0% (+/- 0,5%). Le tour est joué. Des questions?

J'imagine que les lecteurs du Blogo ont quand même des questions et ils ont raison. Où est la catastrophe promise (même 0% n'est pas -10%)? Et surtout: les mesures prises depuis le début de la crise se sont-elles finalement avérées être les bonnes puisque le système tient encore debout et semble même redémarrer? (disclosure: je ne réponds définitivement à aucune de ces questions pour ceux qui ne voudraient pas être pris en traître).

Pour ce qui est de la catastrophe, je l'ai d'abord annoncée pour 2009 avec une préférence pour le premier semestre. Puis je me suis rabattu sur 2009 et je vais bientôt devoir me replier sur 2010. Pour revenir à l' "avis général" (qui s'est trompé tellement de fois récemment qu'il n'est pas besoin d'y revenir) il est désormais communément admis que "we're back from the brink" ("nous sommes revenus du bord du précipice", Krugman notamment est sur cette ligne). Le Blogo considère toujours que nous sommes au bord du précipice et pense que nous allons tomber dedans. Ou peut-être sommes nous tombés dedans et n'avons nous simplement pas encore touché le fond.

Je vais donc développer cela en deux parties. Où est la catastrophe promise? puis La politique menée était-elle la bonne? Hopefully dans la semaine. Je refusionnerai le tout en un seul post à la fin. C'est une nouveauté du blogo pour ce mois de novembre: le roman par épisode.

Glenn Matters

Glenn Greenwald s'en prend classiquement à un propagandiste en chef pro-guerre en Irak: Michael Ledeen (impliqué notamment dans l'affabulation sur les "aluminium tubes" de Saddam Hussein). Ledeen s'est depuis recyclé dans le battage de tam-tam contre l'Iran. Il faut dire que cette évolution de carrière semble presque naturelle tant elle a été suivie.

Désormais autoproclamé "spécialiste de l'Iran", Ledeen répand une fausse rumeur sur le supposé décès d'Ali Khamenei, "Chef Suprême" iranien (ou quelque chose dans ce goût-là). Il a fait le coup en 2006 et a recommencé au mois d'octobre 2009. Khamenei n'est pas mort et a fait depuis des apparitions publiques.

Enters Glenn Greenwald qui réduit Ledeen en miettes en deux temps trois mouvements comme il se doit mais qui met aussi en cause le journaliste George Stephanopoulos (solidement installé au sommet du "pecking order" dans le journalisme politique des vieux médias) pour avoir fait un lien vers la rumeur de Ledeen à partir de son blog d'ABC News. Réponse quasi immédiate de Stephanopoulos sur Twitter:
C'est pour cela qu'Atrios apelle Greenwald "Glennzilla": il fout la trouille à tout le monde à Washington. S'il y avait eu ce type de réaction de bon sens des MSM (mensonge => disqualification) en 2003, nous n'en serions pas là où nous en sommes.


Note: citations de Ledeen d'après sa fiche wikipédia (il dit en gros tout haut ce que l'administration Bush pensait tout bas):
  • "the level of casualties (in Iraq) is secondary"
  • "Change — above all violent change — is the essence of human history"
  • "the only way to achieve peace is through total war"
  • "The purpose of total war is to permanently force your will onto another people"
  • "Every ten years or so, the United States needs to pick up some small crappy little country and throw it against the wall, just to show the world we mean business"
Jim Lobe: WASHINGTON - When The Washington Post published a list of the people whom Karl Rove, President George W Bush's closest advisor, regularly consults for advice outside the administration, foreign policy veterans were shocked when Michael Ledeen popped up as the only full-time international affairs analyst.

"The two met after Bush's election," the Post reported cheerfully, quoting Ledeen about Rove's request that "any time you have a good idea, tell me". "More than once, Ledeen has seen his ideas, faxed to Rove, become official policy or rhetoric," noted the newspaper.