mercredi 7 octobre 2009

Obama n'a jamais livré bataille contre les lobbyists

Frank Rich nous explique à quel point Obama a renié ses promesses de campagne au sujet de l'accès limité qu'auraient supposément les lobbyists à sa Maison Blanche. C'est très visible dans la réforme du système santé pour laquelle Obama avait spécifiquement promis des négociations avec les assurances et Big Pharma "en plein jour, sur CSPAN". Las. Les négociations ont évidemment fait l'objet de "back room dealings" et on n'a pas vu grand chose sur CSPAN.

Rich s'appuie notamment sur deux articles du Wapo à la gloire de ces power-brokers de l'ombre (relative), plus puissants que jamais. Il ajoute que si ces personnages étaient des actions, il les "shorterait" en raison du retour de bâton qu'il estime inévitable. Ce dernier ne pourra se concrétiser que si le pays s'effondre comme cela été évité jusqu'à maintenant. Pour combien de temps?

C'est l'idée de base du blogo: "ce n'est pas une crise économique, mais une crise politique (qui a des manifestations économiques)". Donc tant qu'on n'aura pas changé les structures politiques faillies qui ont permis cette crise (en premier lieu le financement des campagnes), le pays ne pourra pas vraiment repartir. Les américains doivent se réapproprier leur système politique qui est aujourd'hui sous le contrôle exclusif d'intérêts coporatistes*.

Obama pendant la campagne: I intend to tell the corporate lobbyists that their days of setting the agenda in Washington are over.” Absolument risible.

Amusant(extrait de l'oped): “There is something uniquely depressing about the fact that the National Portrait Gallery’s version of the Barack Obama ‘Hope’ poster previously belonged to a pair of lobbyists.” That’s no joke: It was donated by Tony and Heather Podesta.

* Nous en sommes à des années lumières. Quelle que soit la sévérité de la crise, ce processus de remise en cause du système politique va prendre des années. La politique est associée à l'argent d'une manière complètement automatique dans l'esprit des américains. Si vous annoncez que vous vous présentez quelque part, on va vous demander quel est votre budget plutôt que vos idées. La jurisprudence (en voie d'élargissement - un cas important va se décider bientôt) qui protège le rôle de l'argent en politique se base sur le premier amendement et la "freedom of speech". As American as Apple Pie! Même si c'est fallacieux et que les américains ont fait ces derniers temps peu de cas des garanties constitutionnelles en général, cela montre que ce système s'est construit une légitimité. Beaucoup d'américains ont identifié le financement de la politique comme un énorme problème mais les solutions éventuelles n'en sont même pas au stade de la formulation. "Long, hard slog" en perspective (c'est le commentaire que Rumsfeld avait fait sur l'Irak en octobre 2003).

GS fait ce qu'il lui plaît

De Simon Johnson (of BCL fame) dans "Baseline Scenario":

At the height of the financial panic last fall Goldman Sachs became a bank holding company, which enabled it to borrow directly from the Federal Reserve. It also became subject to supervision by the Federal Reserve Board (with the NY Fed on point) – hence the brouhaha over Steven Friedman’s shareholdings.

Goldman is also currently engaged in private equity investments in nonfinancial firms around the world, as seen for example in its recent deal with Geely Automotive Holdings in China (People’s Daily; CNBC). US banks or bank holding companies would not generally be allowed to undertake such transactions - in fact, it is annoyed bankers who have asked me to take this up.

Would someone from the NY Fed kindly explain the precise nature of the waiver that has been granted to Goldman so that it can operate in this fashion? If this is temporary, is it envisaged that Goldman will cease being a bank holding company, or that it will divest itself shortly of activities not usually allowed (and with good reason) by banks? Or will all bank holding companies be allowed to expand on the same basis. (The relevant rules appear to be here in general and here specifically; do tell me what I am missing.)

?????????????

L'or à $1045. Comme le savent les lecteurs assidus, je compte sur la hausse de l'or. Plus précisément, je pense à investir dans l'or depuis fin 2006/début 2007 et je suis passé à l'acte en août 2007 dès qu'il est devenu clair que, cette fois, la crise avait commencé. L'or était à $660.

L'or a monté de $25 en 4 heures aujourd'hui (je ne me souviens pas avoir jamais vu ça dans les deux dernières années). J'ai entendu sur BFM que la raison en était une conspiration (ça existerait donc!) regroupant Japon, Russie, France, Chine et des pays du golfe visant à ce qu'à échéance 2018, le pétrole soit échangé dans une monnaie qui ne soit pas le dollar, possiblement basé sur l'or. L'article est de Robert Fisk, un journaliste dont j'ai beaucoup apprécié la couverture de la guerre en Irak mais auquel je ne connaissais pas d'inclination pour l'économie. Il travaille pour The Independent, journal marqué à gauche britannique.

Je ne sais pas quoi en penser pour l'instant. Rien ne m'a sauté aux yeux sur bbg à ce sujet. Je n'ai pas encore fait le tour des blogs alternatifs. J'ai vu l'article de The Independent repris sur le site de Businessweek ce qui n'arrive pas tous les jours.

L'idée est vieille comme le monde (enfin presque): contournons le dollar et supprimons le privilège exorbitant. Les américains bombent le torse en permanence en disant: si vous faites, ça vos réserves vont baisser et vous allez y perdre (surtout aux chinois) donc personne n'osera jamais et nous sommes les patrons forever and ever... (ahahahahahahah! - je brode un peu sur le rire sardonique mais c'est pour rendre le blog vivant)

Cela aurait pu se passer à n'importe quel moment depuis la fin de l'étalon or. La situation du dollar ne tient aujourd'hui que par la force de l'habitude (nos cerveaux sont, comme l'a déjà dénoncé le blogo, le dernier refuge de la puissance américaine qui n'a plus réellement de fondements objectifs après cette crise. Les mythes de l'ultraperformance et de l'ultracompétence ont été révélés pour ce qu'ils étaient: des mythes).

Cette initiative, si elle s'avérait vraie, serait une bonne nouvelle. L'empire américain est à bout de souffle. Il est corrompu à un niveau qui ne lui permet plus d'assurer un leadership efficace. En revanche, le changement ne peut-être attendu des Etats-Unis eux-mêmes. Il doit arriver, comme le répète le blogo depuis le début (un an de blogo hier), par la coordination multilatérale des puissances périphériques de l'empire. Des Etats-Unis dégrisés pourront alors prendre toute leur place mais rien que leur place dans la communauté des nations/ensembles multinationaux.

En est-on là? Franchement, je n'arrive pas à y croire. L'idée de négociation entre Russie, Chine et des pays du golfe me semble possible mais l'idée que la France en fasse partie me surprend un peu. Pourquoi la France et pas d'autres pays européens? Il faudrait au moins que la France représente d'autres pays.

Bref, la nuit porte conseil (et surtout permet de consulter une floppée de nouveaux articles au réveil).

Note: La recherche " Fisk" (l'auteur de l'article) sur Bloomberg ne donne rien. Mais je ne sais pas si cela donne ou si cela enlève de la crédibilité à la rumeur selon laquelle cet article a eu cet impact retentissant sur le cours de l'or (et pourquoi n'a-t-il pas plus envoyé le dollar à la casse d'ailleurs?). Je penche pour "enlève". Il est en tout cas référencé sans commentaire sur The Big Picture. J'ai l'impression que personne ne se mouille (à part BFM!).

Un vent mauvais...

La semaine dernière un contributeur de "Newsmax" (droite/droite dure) suggérait un coup d'Etat militaire contre Obama en raison de sa supposée indécision en Afghanistan. La virulence des propos était très choquante et le post a été ensuite retiré du site (TPM has the goods).

Aujourd'hui, le National Republican Congressional Committee a ça à dire sur Nancy Pelosi (présidente de la house of representatives):

If Nancy Pelosi's failed economic policies are any indicator of the effect she may have on Afghanistan, taxpayers can only hope McChrystal is able to put her in her place.


Problème: McChrystal est un Général. Il s'est lancé dans une épreuve de force avec Obama que je trouve à la limite de la défiance. Le site où j'ai trouvé la citation semble s'inquiéter du sexisme de la déclaration mais je crois qu'ils ratent le point. Ce qui me choque est la constestation de la subordination du militaire au politique (ambiance: républicains + militaires > majorité démocrate).

Il y a un raidissement important de certains militaires face aux politiques sur l'Afghanistan en ce moment. Devant une telle défiance, si Obama ne les remplace pas (même pour faire appliquer leurs recommandations par d'autres) son pouvoir va être significativement affaibli.