mardi 6 octobre 2009

Martin Wolf veut refonder la finance mondiale

En dépit de ce qu'on entend dans la presse économique (qui se remet à ronronner dès que la bourse est en hausse sauf en l'occurrence le Financial Times - more power to them), la refonte du système financier international est absolument incontournable. On s'en apercevra bien assez tôt. Martin Wolf met les pieds dans le plat avec un article qui propose de remettre sur la table les fondamentaux de la finance. Rien de moins. (article signalé par "Hubris Kills")

Une chose est sûre, nos politiques ont montré qu'ils n'entreprendront de telles réformes qu'en dernier ressort, quand ils y seront contraints et forcés. Pour l’instant, ils ont choisi la solution la plus favorable au système bancaire ancien (sous la pression des banques, surtout aux Etats-Unis) en relâchant toutes les contraintes qui pesaient sur lui (y compris comptables… Can it get crazier than that ?). L'Etat fait désormais compte commun avec le système bancaire. L'imbrication est désormais totale créant une source intarissable de conflits d'intérêts en tout genre. La charge ne pèse pas sur le contribuable mais sur la dette qu'on postule illimitée. Cette situation ne peut pas durer.

Cette tentative du pouvoir politique de créer de manière volontariste à cette échelle une réalité économique factice n’a sans doute pas de précédents dans l’histoire à part peut-être dans le bloc soviétique. Pour l’instant ça marche du point de vue de l’indicateur vedette : le Dow Jones (imaginez qu’on ait dû passer par une phase de restructuration où la valeur de marché des banques aurait été à zéro quelques temps… c’est ce qui se dessinait en mars 2009 avant la modification des règles comptables).

Alors pour l’instant, Martin Wolf ne sera pas écouté et son article est un exercice de style. Gardons-le néanmoins sous le coude, il pourrait être utile dans un avenir proche.

En teaser, extrait d'un guest-Post de Naked Capitalism (que je recommande également) sur l'article de Martin Wolf (il fallait oser l'analogie Martin Wolf/Michael Moore):

If you belong to those who believe that the debate on how to fix finance is mightily underwhelming when compared to the latter’s monumental failure, then I suggest reading Martin Wolf’s latest column in the Financial Times.

Wolf essentially trashes the financial system and the remedial actions taken thus far, Michael Moore-style.

Post-It (1)

Premier déclin de la bourse pendant deux semaines d'affilées depuis juillet. Cette fois-ci, il est possible qu'on ait atteint le pic pour pas mal de temps (prédiction faite à tort à maintes reprises à peu près partout, ici aussi, depuis le mois de mars!). Le dollar rasséréné par le G7 et le chômage atteint 9,8% aux Etats-Unis.

Le sénateur Warner engage GS à se préoccuper de l'affichage quand ils annonceront leur bonus. “I do hope that Goldman Sachs will be a little more sensitive to the optics of their actions,”. Si même les bonus de GS sont bidonnés, je me demande bien en quoi on va pouvoir croire...

Le FMI baisse de $4 trillions à $3,4 trillions l'estimation des pertes encourues par les banques à cause de la crise. Je pense que ces estimations doivent être basées sur du mark to market et pas des modèles car le rebond suit de trop près les évolutions de marché. Savoir où sont les pertes et les déterminer quand tant d'efforts sont déployés pour masquer la vérité (rappelons-nous que le rally a commencé à l'annonce d'un changement de règles comptables...) est un exercice très difficile. Toutefois, on peut quand même s'étonner des pertes estimées pour l'Europe ($800 milliards, presque autant qu'aux Etats-Unis $1,02 trillions). Eux, au moins, se sont fait plaisir avec une croissance "feu de paille" pendant des années. En Europe, (à part UK, Irlande et Espagne), on ne se prend que les paumes. Va falloir faire attention à ne pas se faire inviter à dîner par Thierry Lhermitte. Il n'y pas que les chinois qui ont financé les américains.

RGE Monitor: Data released by the IMF, confirms that reserve accumulation restarted in Q2 2009, with global reserves rebounding to US$6.8 trillion, from US$6.48 trillion at the end of Q1 2009. Qui fait des réserves? Majoritairement la Chine. Et simultanément un plan de relance.