mercredi 30 septembre 2009

Le NYT nous dit que tout a changé...

Un article du New York Times qui cite tous les critiques de l'hystérie* déclenchée au sujet du site en construction de Qom (tous déjà cités dans le blogo ou à peu près). La question que je me pose est: "en quelle page cet article a-t-il été placé dans l'édition papier?". Le modus operandi du Washington Post et du NYT pour l'Irak était de faire des premières pages outrageusement pro-guerres et de placer quelques "feel good articles" sceptiques en page A10 ou A16. Quelqu'un d'attentif aurait pu se faire une idée précise de l'arnaque si on lui avait soumis seulement des articles choisis et "burried deep into the newspaper". Les journaux de référence ne peuvent se réfugier derrière cet artifice ridicule. Il y avait une réalité objective clairement identifiable de falsifications pro-guerres par le gouvernement US (et brit) en 2003. C'est ça qui devait faire la première page des journaux de référence. Tout autre traitement rendait ces médias complices d'une guerre d'agression (which they are to this date).

* Vous souvenez-vous des doutes sur LHC à Genève? Qom, c'est un peu pareil: quelqu'un va toucher un interrupteur et un trou noir va gober la terre en quelques nanosecondes. Give me a f---- break.

El Blogo tente de répondre à la question que personne ne se pose

La question (long forgotten puisse que l'hystérie est comme chacun sait bien meilleure conseillère que la réflexion) est la suivante: "L'Iran est-elle en infraction?". Cette question est cruciale car la bonne foi et la crédibilité des trois dirigeants* qui ont fait la déclaration du G20 est directement proportionnelle à la force juridique de leur dossier. Les standards ne peuvent-être qu'extrêmement élevés après le fiasco des armes de destruction massive en Irak. Nous sommes en droit d'exiger des gouvernements belliqueux des arguments absolument irréfutables. C'est même notre devoir de citoyens.

Scott Ritter, ancien inspecteur de l'ONU en Irak qui dit depuis le début qu'il n'y avait plus d'armes de destruction massive, explique qu'Obama est "technically and legally wrong" dans sa déclaration sur Qom. La messe n'est pas dite mais j'ai une grande confiance en lui.

Pour ceux qui ont lu le post précédent, il dit que l'Iran s'est conformée au supplementary agreement en décembre 2004 à titre volontaire en attente de la ratification de celui-ci par son parlement. Scott Ritter affirme (contrairement à James Acton) que l'absence de ratification enlevait au supplementary agreement son caractère contraignant. L'Iran aurait donc eu toute lattitude pour renoncer unilatéralement à l'application de cet accord en mars 2007.

Il faut noter que des américains contrent cela en disant que l'Iran a commencé à construire Qom avant mars 2007, alors qu'elle prétendait encore être engagée par l'accord supplémentaire.

Ritter remarque également que l'Iran à l'époque (mars 2007) avaient toutes les raisons du monde de craindre une attaque américaine et donc d'enterrer des infrastructures (Cheney a reconnu depuis qu'il poussait Bush à attaquer mais qu'il n'avait pas eu gain de cause).
Ritter ajoute également que 100% des substances fissiles en Iran sont sous contrôle étroit de l'AEIA et que c'est cela qui est le gage essentiel de sécurité et ce qui empêche en pratique l'Iran de construire une arme nucléaire (et qui fait que la CIA a estimé fin 2007 que l'Iran ne construisait pas d'arme nucléaire - alors qu'elle connaissait le site de Qom).

Il faut quand même se rendre compte que l'Iran a accepté un contrôle permanent est très soutenu de ses sites nucléaires. Envisage-t-il une breakout capability? Un moyen d'obtenir l'arme le plus rapidement possible une fois qu'ils auraient congédié l'AEIA? Bien évidemment. Peuvent-ils construire une arme atomique alors même qu'ils sont contrôlés par l'AEIA, Ritter nous dit que c'est très difficile.

Gareth Porter apporte ici son éclairage sur la question.

* A noter: ces trois dirigeants ne sont pas logés à la même enseigne, Obama ayant été plus low key que Brown et Sarkozy (good cop, bad cop routine?). Sarkozy n'a pas arrangé son cas en utilisant: "pendant que les centrifugeuses tournent" alors que personne ne conteste le droit des iraniens à faire tourner des centrifugeuses. C'est tout ce que nous ne pouvons pas accepter de nos dirigeants: un dossier mal ficelé, présenté "à l'estomac" avec des formules de propagande qui semblent tout droit sorti du playbook de Condoleeza Rice "A smoking gun, that could come in the form of a mushroom cloud". Stop it! It insults our intelligence.

Note 1: El Baradei quitte l'AEIA. Il a rendu les bellicistes fous en raison de son indépendance. Son travail a été extraordinaire à cause de cette indépendance. Cette organisation étant devenue centrale dans les projets guerriers de quelques uns, gageons que l'effort des puissances dominantes pour la mettre au pas doit être maximal. Les propos et les actions de l'organisation sous un nouveau président devront être examinés à l'aune de ces efforts de politisations. Plus que jamais, il faudra faire attention aux voix dissidentes.
Note 2: GE (société mère de MSNBC - vous vous rappelez les missiles lors de l'interview de Greenwald?) vient de rejoindre un groupe "non-profit" appelé "United Against Nuclear Iran" (UANI) qui passe des pubs excitant la population contre l'Iran à la télé (notamment sur MSNBC). GE est un maillon essentiel du Complexe Militaro-Industriel. Like so many others, "They never saw a military intervention they didn't like". C'est toute une partie du pays qui est prête en permanence à prendre les armes pour n'importe quelle cause s'ils se trouvent des abrutis assez fous pour en prendre la responsabilité. Voici ce qu'on voit à la télé dans le "Home of the brave, land of the free":

Bloomberg LP v. Board of Governors of the Federal Reserve System, U.S. District Court, Southern District of New York (Manhattan), No. 08-9595.

Je faisais référence hier aux poursuites engagées par Bloomberg contre la FED pour que cette dernière révèle les dessous du plan de sauvetage des banques. Cette affaire devait atteindre un tournant le 30 septembre (aujourd'hui).

Dans la dernière semaine d'août, la FED a en effet obtenu un sursis à exécution (traduction du blogo de "the order was stayed") lui permettant de ne pas révéler les détails du plan et lui laissant jusqu'au 30 septembre pour faire appel (Bloomberg a alors renoncé à obtenir les documents de force car la FED les a persuadé qu'il serait matériellement difficile de les récupérer (WTF?*) ). Il y a eu des éditos dans la presse contre un appel de la FED (dont un dans le WSJ) et pour qu'elle communique les infos. De manière étonnante, il semble que la décision de faire appel ou non relève d'Obama (d'une juriste sous son autorité) et pas de Bernanke. Toujours marrant de le voir lui-même servir la soupe aux banques.

C'est très peu couvert dans la presse donc j'ai reconstitué ça à partir d'informations parcellaires. Don't quote me on this. De toute façon, il devrait y avoir des news détaillées sur le sujet dans la journée.

* Preska also said Bloomberg will not, for now, insist on a search of "official files" at the Federal Reserve Bank of New York, after the central bank's representation that a search would likely be fruitless. (voir ici for the full story)