mardi 11 août 2009

L'ère du grand cover-up (dissimulation)

Atrios nous rappelle pour la n-ième fois que le Commercial Real Estate (CRE) est prêt à s'effondrer. Il s'agit de l'immobilier d'entreprise qui a connu des excès similaires à l'immobilier des particuliers mais dont les obligations pourries résultantes ont commencé à virer à l'aigre plus tardivement*. Déjà évoqué dans le blogo notamment ici et .

Le mécanisme est très similaire au subprime dans son inéluctabilité mais désormais, les Etats, les régulateurs et les banques centrales sont prêts: toutes les structures permettant d'amortir le coup sont en place. Au fur et à mesure que ces obligations ne paieront plus, il se trouvera toujours une banque centrale complaisante pour prendre en pension les titres vérolés, un régulateur pour assouplir ici et là les règles comptables et des Etats prêts à gager l'argent du contribuable pour éviter encore quelques mois d'avoir à prendre leurs responsabilités et de réformer radicalement le système financier vermoulu qui nous a amené jusque là.

Ce faisant, les établissements financiers qui auraient dû normalement prendre de plein fouet la dépréciation de ces actifs vont pouvoir faire bonne figure (et incidemment distribuer des bonus). La machine est en place. Le maquillage de pertes privées en ligne d'écriture dans la comptabilité publique (sans aucun financement à l'horizon) a désormais atteint son rythme de croisière. CDS foireux? No problem! CRE qui explosent? Bring them on! La réalité économique a été abolie. Pour combien de temps?

Les structures actuelles de l'économie mondiale ont quelque chose de Freddie Mercury:
"Inside my heart is breaking,
My make-up may be flaking,
But my smile, still, stays on!"


* le décalage entre l'immobilier d'entreprise et l'immobilier résidentiel est logique: la crise a d'abord impacté le consommateur en l'empêchant de se refinancer (une n-ième fois), celui-ci a levé le pied sur la consommation, les entreprises s'en sont alors ressenties ce qui a finalement impacté l'immobilier commercial. La crise financière a d'abord donné un coup d'accélérateur au tout mais mais ses effets ont été rapidement limités par l'abolition de la réalité économique par les gouvernements.