mercredi 22 juillet 2009

Le post "Big Picture"

Les emprunts du blogo au site "The Big Picture" sont nombreux et j'ai vu passer tellement de graphes intéressants ces derniers jours que cela mérite un post complet. Les graphes donc et des commentaires rapides à leurs suites:
J'avais cité dans le blogo le chiffre de David Brooks qui disait que depuis 1957, le taux de leverage global de l'économie américaine était passé de 150% à 350%. Comme je le supposais mais je n'avais pas cherché le chiffre, il fallait revenir beaucoup moins loin dans le temps pour que le chiffre soit vraiment impressionnant: on le voit à la période en gros stable entre 1957 et 1980. C'est vraiment en 25 ans qu'on est passé de 175% à 350%.
Il s'agit ici des taxes retenues à la source sur les salaires par les Etats américains. C'est l'effet ciseaux des budgets publics partout dans le monde: beaucoup plus de dépenses au nom de "la relance" et parallèlement des recettes en chute libre.
La sales tax nous montre que le même effet ciseau est à l'oeuvre pour toutes les recettes fiscales "across the board".
Parler de rebond dans le housing est très prématuré comme on le voit avec les ventes de maisons neuves depuis le haut du marché (division par 4. On s'approche du fond effectivement puisqu'on s'approche de zéro mais c'est à peu près tout.
Projection du budget américain. Comme déjà dénoncé, le retour à l'équilibre extrêmement rapide projeté par Obama est une blague. Selon toute probabilité, 2009 n'est que le début d'une cloche inversée qui ne trouvera son plus bas que dans deux ou trois ans (si la crise ne met pas un stop brutal à la capacité d'endettement américaine ce qui n'est pas l'hypothèse privilégiée par le blogo qui voit les Etats-Unis devant faire face à des restrictions de financement "IMF style" sauf qu'elles ne seront pas implémentées par le FMI mais par les marchés qui demanderont à être mieux rémunérés sur le risque US).

Le "posturing" mou d'Obama et de Summers

Les bons résultats des banques sous perfusion de fonds publics ont obligé Obama et Summers a prendre une posture réprobatrice. Quelle hypocrisie! Ouvrir la porte du poulailler aux renards et s'inquiéter des ravages....

Obama:
“The problem that I’ve seen, at least, is you don’t get a sense that folks on Wall Street feel any remorse for taking all these risks,” Obama said in an interview today on public television’s “The NewsHour with Jim Lehrer.” “You don’t get a sense that there’s been a change of culture and behavior as a consequence of what has happened.”

How weak...

Summers:
White House National Economic Council Director Lawrence Summers chastised some banks thatreceived government aid for not doing enough to reduce foreclosures, while declaring that next year’s economic growth pace is “in doubt.”
“Prudent financial institutions will recognize that the profits they’re enjoying are in part a reflection of the commitment government and the broader society have made to the financial system that has enabled them to enjoy those profits,” Summers said in an interview with Bloomberg News yesterday in Washington.

"Les banques prudentes reconnaîtront que leurs profits sont liés aux efforts du gouvernement et de la société dans son ensemble". Peut-on imaginer prise de position plus molle? Autrement dit, "si elles choisissent d'être prudentes", les banques reconnaîtront les efforts du contribuable...
Les contribuables américains saignés à blanc seront probablement ravis que leurs efforts soient "reconnus" (dans un futur hypothétique où l'augmentation de la dette finirait par se traduire par des hausses d'impôts - la fin du Ponzi scheme US autrement dit) et encore seulement si ces banques ont le bon goût de choisir d'être "prudentes". Ouch! That's gotta hurt!

He said financial companies have benefited from an “aura of government support,” as well as programs to guarantee debt,backstop commercial-paper issuance and “support weaker financial institutions that were their counterparties.”

Summers veut-il se faire respecter en rappelant l'arnaque AIG-Goldman ($13 milliards)? Un bon moyen pour lui d'avoir un peu de crédibilité aurait été de ne pas passer par la case départ en touchant "20000 francs" de Merrill Lynch pour une conférence alors qu'il était clair qu'il deviendrait conseiller économique (12 novembre 2008 - en avril 2008, il touchait $135000 de GS pour une intervention).

Quand Summers et Obama font une concession en fronçant les sourcils devant les banquiers pour calmer une opinion publique de toute façon amorphe et "brain dead".

Pendant ce temps-là, Spitzer essaye de sortir du trou dans lequel l'a placé son affaire de prostitution:
Spitzer said new rules proposed by President Barack Obama’s administration are irrelevant because regulators failed to enforce existing regulations.
“Regulatory agencies already had the power to do everything they needed to do,” he said. “They just affirmatively chose not to do it.”
“You don’t need new regs to do it, you just need the will to do what they were supposed to do,” he said.

Mitterrand et la licence globale

Etonnant de voir s'exprimer un ministre inexpérimenté:

Avis défavorable [à la participation de 2€], ont répondu le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand et le rapporteur du texte Franck Riester (UMP). "C'est le retour de la licence globale qui a la vie dure. Les artistes n'en n'ont pas voulu", a déclaré M. Mitterrand.

On sait maintenant pour qui le gouvernement légifère exclusivement: "les artistes". Ils ont un droit de véto sur les dispositions de l'Hadopi. Et cela ne veut pas dire les citoyens qui entreprennent des activités artistiques évidemment. Il s'agit de la petite caste de ceux qui en vivent largement au moyen d'un système de distribution obsolète. Espérons que tous ceux qui n'appartiennent pas à cette caste se souviendront qu'on a légiféré exclusivement au profit de celle-ci et au mépris du bien commun (libertés individuelles et avancée globale de la société) au moment de voter.