mardi 2 juin 2009

Crash de l'A330 d'Air France

Je ne m'explique pas cet extrait d'un article de la BBC:
"French and US sources have ruled out terrorism as the cause of the plane's loss."

Cela implique que les français ont assez d'informations sur le crash pour savoir très exactement ce qu'il s'est passé et pour pouvoir l'expliquer de manière convainquante aux américains. La conclusion naturelle est donc qu'on nous cache pour l'instant l'explication de ce crash. Je ne prête pas d'intentions néfastes à ceux qui en ont la responsabilité et j'imagine qu'ils ont leurs raisons mais je ne vois pas d'autres explications possibles à ce rejet sans équivoque de la piste terroriste.

Aussi, la série A330/A340 et le 777 ont commencé leur carrière dans la première partie des années 90 et étaient les avions les plus modernes jusqu'à l'arrivée de l'A380. Aucun accident mortel en service commercial n'était encore arrivé à ces modèles ce qui laissait espérer que l'on avait passé un nouveau cap en matière de sécurité aérienne. C'est moins clair désormais.

Put the blame on the FED

Dean Baker dans cet article du Guardian s'étonne de l'opposition politique que rencontre la proposition d'un simple audit de la FED qui semble pourtant aller de soi. Cette dernière vient de prêter $2 trillions garantis par le contribuable contre du collatéral de très mauvaise qualité dans la plus grande opacité.

Pourtant seuls 30 représentants démocrates et 130 républicains soutiennent l'audit. Baker met en cause le contrôle de fait de la FED par Wall Street. La FED a une structure baroque qui donne beaucoup de poids aux directeurs régionaux, eux-mêmes désignés par les banques locales. Le résultat est donc qu'il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre les banques et la FED. C'est pour cela par exemple que les banques profitent de la crise pour évincer la SEC au profit de la FED comme organe supposé les contrôler. Le pouvoir de la FED et donc des banques serait remis en cause par un audit et ce dernier n'aura donc pas lieu en raison du poids étouffant qu'ont les banques sur les politiciens américains.

Contrairement aux années 30 qui avaient vu les banques faire des concessions importantes, tout se passe pour l'instant comme si en dépit de la crise (ou même à cause de la crise?) elles n'avaient jamais été aussi puissantes. Cela me fait penser que la crise n'en est qu'à ses débuts car les dérèglements ne font que s'accentuer (les banques ont plus de pouvoir, les américains s'endettent toujours plus - en tant que contribuables cette fois). Je vois la crise comme le moment où un système a tellement dévié de la norme qu'il revient de manière désordonné et douloureuse vers l'équilibre. Si cela s'avère vrai, on peut dire que la crise n'a même pas encore commencé. Nous vivons simplement les derniers efforts un peu pathétiques et grotesques des forces qui souhaitent maintenir le déséquilibre. Et si cette crise s'avérait moins grave que prévu à court terme (ce qui n'arrivera pas), combien de temps faudra-t-il avant que des banques plus dominantes que jamais ne créent encore plus de désolation?

Avec le sauvetage aveugle des banques, les problèmes de "moral hazard" (aléas moral)* sont devenus tellement vertigineux qu'on a vraiment le sentiment d'être confronté à un système en phase terminale, à deux doigts de la décomposition. La fusion entre les politiques et le système bancaire est devenue apparente. Les comportements deviennent complètement outranciers (les lobbyists puisent directement dans les caisses de l'Etat pour leur client). Les apparences qui étaient sans doute la seule chose qui faisait tenir le système debout sont désormais foulées aux pieds. L'Enronisation des Etats-Unis est désormais totale, le système va s'écrouler.

Note: Le Blogo milite depuis octobre pour qu'une ligne dure soit adoptée contre les banques. Je pense qu'il est facile pour le lecteur d'imaginer que le blogo fait dans la posture morale et souhaite "que les banques payent". Ca ne me déplairait pas en effet, je dois bien l'admettre. Il n'en demeure pas moins que cette ligne dure est pour moi une nécessité d'un point de vue complètement pragmatique. Il faut casser les banques car c'est le seul moyen de sortir de la crise sans préparer la suivante. Réformer l'oligarchie financière qui en porte la responsabilité est la première condition de sortie de la crise comme le dit Simon Johnson fort de son expérience dans les pays émergents. (Simon Johnson qui considère contrairement au blogo que la crise est passée, que les banques ont gagné et que l'occasion de réformer a été gâchée). Imaginer que conforter les banques dans leurs manières de faire est une voie qui nous apportera autre chose que quelques mois en plus de pillage est une absurdité.

* "Moral Hazard" est la formule consacrée aux Etats-Unis pour décrire l'action d'un agent économique qui prend à son profit des risques trop important car il ne pâtit pas des conséquences négatives ou dans des proportions limitées. Typiquement, le comportement d'un trader qui risque de planter sa banque et de perdre son job mais qui a une chance importante de gagner le jackpot est une conséquence d'un "moral hazard". Un "mortgage broker" qui prête de l'argent à un emprunteur subprime est dans la même situation. Cela pose "un problème d'agence", si je fais quelque chose pour quelqu'un, il faut que mes intérêts soient alignés avec cette personne. Si mes intérêts ne sont pas alignés je vais l'envoyer au casse pipe. C'est le problème qui vicie la titrisation et les ratings d'agence. Les intérêts des "titriseurs" et des agences de notation ne sont pas alignés sur ceux des consommateurs finaux de leurs produits: les investisseurs.