lundi 9 mars 2009

Problème de fonctionnement

Il semble que le blogo ne fonctionne pas idéalement ces jours-ci. Le site apparaît vide de posts par moment. Il semble que l'addition de ce nouveau post (celui que vous lisez) ait réglé le problème pour le moment.

Loufoque

Geithner semble avoir du mal à staffer le Treasury Department (ministère des finances) d'après le NYT. Il n'a pas encore d'adjoint par exemple ce qui est problématique pour un homme chargé de sauver la planète sans aucun super pouvoir. Il semble que tout le monde marche sur des oeufs car le même Geithner s'est vu reprocher d'avoir un arriéré d'impôts de $32,000 au moment de sa nomination. Depuis d'autres nominations ont dû être abandonnées en raison de problèmes fiscaux.

Tant et si bien qu'aujourd'hui, tout le monde est tétanisé à l'idée d'un nouveau ratage et les processus de "background check" et de confirmation pour tous les nouveaux membres de l'administration traînent en longueur (prix exorbitant à payer pour qu'Obama puisse nommer un "ami de Wall Street" déjà complètement embourbé dans les marécages du TARP 1 de Bush de Paulson de Goldman Sachs). En est-on au point où on ne peut plus supposer que l'écrasante majorité des gens pressentis pour être haut fonctionnaire au ministère des finances sont en règle avec le fisc?

A noter que selon le même article du NYT, il y a un département qui n'a pas perdu de staff malgré le changement de président, c'est celui qui est en charge de gérer le TARP* ! De manière complètement stupéfiante, Obama n'a pas encore repris en main l'organisme qui distribue les montants les plus colossaux avec le moins de contrôle et de transparence de toute l'administration (à part la FED, mais c'est une autre histoire). Il est toujours dirigé par le même Neel Kashkari débauché pour l'occasion de GS et dont la nomination m'avait à l'époque enthousiasmé (c'est ironique pour ceux qui ne suivront pas le lien). Preuve, s'il en était besoin, que les intérêts du système bancaire transcendent complètement les clivages politiques aux US. On se demande bien à quoi servent les élections. Si Obama n'a pas pris le TARP en main, doit-on supposer que c'est le TARP qui a pris Obama en main? Question moins bête qu'il n'y paraît.

*ou "bailout": les sommes distribuées par l'Etat selon les besoins des établissements financiers pour les empêcher de faire faillite dans l'opacité la plus totale depuis le mois de septembre. plusieurs centaines de milliards pour l'instant, on pourrait atteindre le trillion vers l'été.

Glenn Greenwald sur la "Blogo Compliant List"

Les lecteurs assidus s'étonneront que Glenn Greenwald ne rejoigne que maintenant la "Blogo Compliant List" étant donné que c'est probablement l'individu qui a été le plus référencé ici. C'est en partie un oubli mais c'est aussi lié au fait que son focus principal sont les atteintes répétées à la constitution perpétrées par l'administration Bush (couvertes et en partie continuées pour l'instant par Obama) et pas la crise économique per se.

Il déclare dans son dernier post que c'est cette même corruption (celle qui a permis les nombreux crimes de guerre sous Bush) qui autorise aujourd'hui les sauvetages frauduleux type AIG à non seulement se faire sous le sceau du secret mais à être en plus source de promotion pour ses concepteurs (référence assez transparente à Tim Geithner).

The accountability-free, self-loving mentality that demands that nothing be done about America's war crimes over the last eight years is hardly confined to America's detention, surveillance and interrogation policies. This is exactly the same bloated, insular corruption that allows multi-billion-dollar insider frauds like
this one not only to go unexamined but also to result in those responsible being further empowered with high government positions.

Welcome on the blogo compliant list, Glenn (where you belonged anyway).

Au passage:
Les rapports entre la guerre en Irak et la crise économique sont multiples. Le vrai révélateur du dérèglement de la politique américaine ces dernières années a été la guerre en Irak. L'observateur attentif aura su utiliser ce signe de dysfonctionnement majeur pour envisager que le pays pouvait se transformer en gigantesque Enron: la guerre en Irak a démontré à qui voulait le voir que les forces de rappel classiques dans une société saine ne fonctionnaient plus aux Etats-Unis. Les médias ne servaient plus le bien public et la mise à jour d'une forme de réalité objective (pas surprenant dans ces conditions qu'ils se soient tus alors que des millions d'américains se trouvaient engagés dans des contrats grotesques - subprime). Le congrès n'était pas non plus en mesure d'empêcher une guerre déclenchée pour des motifs risibles, réminiscents des pires dictatures fascistes. Le poisson était clairement en train de pourrir par la tête (je m'interroge sur la valeur de cette métaphore vu qu'il s'agit d'un poisson mort mais je fais confiance au lecteur affûté du blogo pour en comprendre l'essentiel et en rejeter l'accessoire). Si un pays peut se mentir sur des sujets aussi grave, pourquoi serait-il plus objectif sur un rating AAA? Si un système politique peut si aisément trahir son histoire et ses principes sur l'essentiel (le politique), que peut-on en espérer sur l'accessoire (l'économique)?

Le Blogo en profite donc au passage pour vous réitérer son mantra qui à force d'être répété va peut-être finir par devenir un slogan fluide: "Les Etats-Unis traversent d'abord une crise politique dont la crise économique n'est qu'un symptôme". Symptôme substantiel, je le concède.