dimanche 8 février 2009

Pas de propagande aux Etats-Unis, c'est la loi

Il est interdit aux militaires américains de faire de la propagande à destination domestique. Bush a évidemment brouillé les lignes alors que le budget "communication" du Pentagon augmentait de 63% en 5 ans ($5,7 milliards en 2009, cela inclut les efforts de recrutement). Cet article est intéressant pour voir l'étendue des programmes de "Psychological Operations" dirigé en théorie uniquement vers l'étranger. On rappellera pour mémoire la création par Rumsfeld de l'Office of Strategic Influence qui a été remplacée depuis et aussi cet article sur John Rendon, l'homme qui avait dès 1991 mis au point le mensonge selon lequel des soldats irakiens avaient débranché des incubateurs dans les maternités koweïtiennes. Inutile de dire qu'il a eu l'occasion de se surpasser depuis en travaillant sous contrat pour le gouvernement.

Et ne pensez pas que le fait que le monde se soit opposé à la guerre en Irak montre que cela ne sert à rien. Le fait que l'opposition soit bien moindre que l'opposition à la guerre du Vietnam peut être considéré comme un succès. Combien d'Abu Ghraib ont-ils été étouffés? Parle-t-on souvent des victimes civiles de la campagne américaine (morts/blessés/déplacés)? Combien de fois nos médias ont-ils docilement répété que le "Numéro 2 d'Al Qaeda©" avait été éliminé comme si l'organigramme en était publié trimestriellement? Combien de fois nous a-t-on présenté les violences en Irak comme le produit de conflits interethniques (renforçant en cela les préjugés que les américains pouvaient avoir sur "les musulmans": terror = muslims) en occultant totalement la problématique occupation/résistance qui doit quand même avoir été à l'oeuvre de temps en temps? D'ailleurs je ne me souviens pas avoir souvent vu des médias occidentaux parler de "résistance irakienne" et je suis certain que cela aurait très fortement déplu aux responsables des psyops du Department of Defense qui mènent une guerre de tranchées sur les terminologies utilisées par les médias. Par exemple, en faisant accepter par tout le monde le branding "Al Qaeda in Irak©" alors que cette organisation semble avoir été essentiellement un épouvantail. Mais associé l'Irak et Al Qaeda de cette manière, quelle victoire pour le Pentagon de Bush!

On peut aussi évoquer "Liquids on Plane©" ou "Anthrax Scare©" mais il m'est bien sûr impossible ici d'être exhaustif, il faudrait plusieurs volumes. Dans le même ordre d'idée, on peut se demander dans quelle mesure supprimer Ben Laden n'aurait pas été se tirer dans le pied pour Bush: à quoi bon se débarrasser d'une marque aussi puissante? Comment mobiliser les ressources du pays pour la GWOT© (Global War On Terror) une fois cette figure emblématique supprimée? Voilà une explication bien plus rationnelle à la survie de celui-ci (pendant 8 ans!) que la simple incompétence de la première armée du monde.